Fabrice Capizzano

« En 1986, j’avais 16 ans, j’étais un véritable mécréant de la lecture, revendiqué de surcroît. Par contre j’étais un dingue de cinéma, j’en bouffais au kilomètre.

Avec Vlad, mon ami d’enfance on est allé voir 37°2 le matin. La claque. On y est retourné dès le lendemain. Je crois que j’ai dû le voir 5 ou 6 fois au cinéma. Et puis ça s’est mis à en parler dans tout le lycée comme une trainée de poudre, un truc de dingue, le film de toute une génération qui n’attendait que ça.

— Comment, t’as pas lu l’livre m’a dit Vlad ? Putain tu devrais, c’est de Philippe Djian.

Deuxième claque. Bien supérieure à la première. Premier livre que je lisais. Je me suis mis à noter toutes les pépites qui y figuraient, puis à lire tout ce que Djian avait écrit jusque-là. Zone érogène, Bleu comme l’enfer, 50 contre 1, etc… Des rafales de claques.

Ce qui a été incroyable sur ces lectures, c’est que ce type validait (avec succès) toute une pensée que j’avais au fond de ma tête mais dont personne ne m’avait parlé. Ah, on a le droit de penser ça nom de Dieu ?! Dans la relation à l’autre, dans les névroses, dans ses émotions amoureuses, dans la passion, l’instant présent, le chili con carné, la téquila frappée, les frigos blindés de bière les jours de canicule, l’écriture comme un médicament, comme on parle tous les jours.

La révélation. L’autoroute qui s’ouvrait à moi et que je décidais de prendre pied au plancher, fenêtre ouverte, bras posé à la fenêtre en mode balade bucolique au volant d’une vieille Mercedes jaune, sans payer le péage, jamais, avec la fille la plus sexy du monde à la place du passager qui me susurrait des mots d’amour et que je ne devais jamais lâcher l’horizon de mes rêves !

Et puis je me suis mis à lire toutes les références littéraires de Djian, Bukowski, Kerouac, Brautigan, Harrisson, puis Paul Auster, Kundera, etc, etc, et c’était parti pour la vie.

En cerise sur le gâteau, j’ai commencé à écrire, bien caché au fond de ma cuisine, loin de tout lecteur possible, imposteur complet, pudique à souhait, libre et heureux comme jamais, reconnaissant le kiff absolu de poser sur le papier mes humeurs, mes émotions, mes désillusions, mes colères, mes amours, mes utopies.

Tout en continuant à lire Djian. Jusqu’à la claque ultime de Lent dehors, Le livre ! La merveille absolue, celui qu’à une époque j’avais toujours sur moi.

Et puis la vie, le travail, les enfants, les abeilles ont fait que j’ai moins écrit, frustré complet mais persuadé que j’y reviendrai un jour corps mais surtout âme.

J’ai arrêté l’apiculture, pour mille raisons, mais j’ai continué à lire, et surtout à écrire. J’ai pondu La fille du chasse-neige que Marion Mazauric, éditrice fantastique de Au diable vauvert a édité. Le bébé est sorti en septembre 2020, il s’est retrouvé coup de cœur de Begbéder au masque et la plume, j’ai été adoubé par Pennac et Damasio, puis en lice pour le prix Maison rouge où Djian était président ! Incroyable ! La boucle était bouclée, voilà que j’étais lu dès mon premier roman par Djian !! Pour finir, le bouquin s’est bien vendu, un p’tit succès en soi avec une signature à l’appui au Livre de poche, et il continue de vivre !

Deuxième roman sorti en septembre 2022, toujours aux éditions Au diable vauvert, Le ventre de la péniche, toujours aussi bien reçu, une bande de pieds nickelés rock’n roll fuyant toutes les polices de France sur une péniche à 6 km/h ! En lice au prix SGDL et au prix Aznavour les mots d’amour.

Voilà, maintenant c’est mon métier, je ne fais plus que ça, et élever mes enfants aussi, et aimer la plus belle femme du monde, et lire, encore et encore.

Merci Monsieur Djian. »

Fabrice Capizzano


Fabrice Capizzano vit dans le Vercors. Il y écrit comme il vit, intensément, la tête sur terre et les pieds dans les nuages. Il a exercé de nombreux métiers manuels, dont dix ans l’apiculture, et milite pour Greenpeace. Après La Fille du chasse-neigeLe Ventre de la péniche est son second roman.

 

« Je suis issu d’une famille modeste et j’en suis extrêmement fier. Je ne porte pas ce patrimoine comme une légion d’honneur, mais pas loin, un dérivé de médaille du mérite made in Calabre. Je suis estampillé populaire sur mon front en caractères gras, dans mes chairs et dans mon bide, et pas seulement à cause des nouilles pas chères que j’ai bouffées toute mon enfance. Mes couilles produisent des spermatozoïdes d’ouvriers, chez nous les bébés naissent avec des truelles dans leurs petites mains charnues, les sages-femmes hallucinent, les enfants Cervantès sortent des maternités avec des chaussures et des casques de chantier, pas avec des robes à fleurs qu’ils porteront pour leur rentrée des classes dans des écoles privées anglaises. Je ne suis pas un fils de et c’est ce qui m’a rendu fort. L’effort est mon quotidien, la difficulté m’a donné de la consistance et je la trouve facile. Notre patrimoine génétique est tapissé de ténacité et de patine artistique, nous sommes constitués d’acharnement, d’abnégation, de pugnacité maladive, d’obstination obsessionnelle, exagérée, quasi absurde ; ne pas naître avec une cuillère en argent dans la bouche m’a offert du mordant, un héritage customisé pitbull, une notion élémentaire fondamentale du travail bien fait. C’est notre étendard, notre blason, notre échafaudage, notre secret de fabrication, ils sont ancrés dans nos viscères et sous nos peaux.
Mon père me faisait jouer de la bétonnière des week-ends entiers pour que je me paie l’entrée du cinéma. J’avais onze ans. Lorsque j’arrivais à la caisse du cinéma avec ma pièce de cinq francs qui prenait la moitié de la main, j’avais la tête haute, les mains en feu par le manche de la pelle et le ciment pur, mon dos était en miettes, mais je marchais droit.
À douze ans je ratissais les feuilles mortes de mes voisins.
Je me suis payé mon premier argentique avec cet argent, un Ricoh modèle 500 ST, une merveille qui m’a apporté mes premiers frissons photo. Je me rappelle des hésitations, parce que la pellicule coûtait une fortune, l’attente du cliché idéal, la contemplation, les soirées à guetter la lumière du couchant qui n’arrivait jamais. Le délai d’attente du développement, interminable, où tu avais l’impression que ton horloge de salon remontait le temps et que tu rajeunissais. Les premières merveilles pondues lors de focales hasardeuses et de diaphragmes réglés à la wanagain, le tout couronné d’une bonne couche d’à-peu-près et d’advienne que pourra. Autodidacte fauché, je m’en référais à l’instinct de l’instant de mon instantané. Des souvenirs de résultats miraculeux viennent à moi, des photos qui me valurent parfois les compliments de photographes bluffés par ces visages figés mais en mouvement. il n’est pas si loin le temps où des âmes bienveillantes me prodiguaient des conseils pratiques parce qu’ils avaient vu en moi comme une sorte de don de l’œil, de Don Juan du Canon.
J’attendais alors, impatient, les week-ends, que papa rentre de sa semaine de déplacement à l’autre bout de la France. Il était rincé, brisé, mais ses yeux s’émerveillaient lorsque je lui tendais mes divines photos.
— C’est toi qui as fait ça ? disait-il les yeux écarquillés.
— Ben ouais.
— C’est bien mon fils, continue, je suis fier de toi, ne t’arrête pas de prendre des photos mon cœur.
— Oui, papa, promis. »

Fabrice Capizzano

 

 

 

 

  • Parutions

Le Ventre de la péniche (Genre : Roman > Au diable vauvert / 25 août 2022)

La Fille du chasse-neige (Genre : Roman > Le Livre de Poche / 9 février 2022)

La Fille du chasse-neige (Genre : Roman > Au diable vauvert / 20 août 2020)

 

  • Le jury du Prix Maison Rouge à Biarritz, présidé par Philippe Djian, a retenu La Fille du chasse-neige pour l’édition 2020

« Le Prix Maison Rouge est autant une distinction littéraire qu’un état d’esprit avide de liberté, de spontanéité et de fantaisie. Sa vocation est de sortir des circuits parisiens et de s’autoriser à juger et apprécier sans contrainte. » précise Philippe Djian

Les 8 jurés de la 4ème édition et son président, Philippe Djian :

 

« Aujourd’hui, il nous reste le souvenir des réunions de famille avec les cris de joie, les engueulades, les conversations qui se coupent, s’entrecroisent, s’entrechoquent dans un joyeux brouhaha vivant, bien vivant. On les aimait comme on les redoutait ces fêtes de famille et maintenant que nous n’y avons provisoirement plus accès, nous prenons conscience à quel point une famille c’est précieux et nous ressentons physiquement le manque et ce vide qui presque nous étouffe.

Lire La Fille du chasse-neige c’est retrouver ça, retrouver la chaleur d’une famille, son essence même. Ce n’est pas juste un ersatz de ce qui nous manque car à la manière d’une séance de cinéma, le lecteur va se remplir de bonheur et de joies simples, et enfin, va rire, pleurer, frémir et vibrer au fil de la lecture des mots de Fabrice Capizzano et oublier ainsi son quotidien entravé et asphyxié.

La Fille du chasse-neige c’est serrer des êtres dans ses bras, écouter de la musique, aller voir des concerts, boire (à plusieurs), rire (fort – trop fort), aimer (fort – trop fort), s’engueuler, s’excuser, pardonner, se réconcilier, se retrouver.

Lire La Fille du chasse-neige, c’est retrouver les sensations de la vie d’avant, la vie du temps de l’insouciance et de la liberté d’être sans entrave, ni couvre-feu ni distance respectable.

Une famille, un père un peu trop sanguin, une mère tendre et attentive, une fratrie qui se chamaille, se taquine, se connaît par cœur, une fille sur un chasse-neige, des abeilles, un manager inoubliable, il y a tout un monde dans La Fille du chasse-neige, tout un monde et un sacré bout de vie qui ravit la tête autant que le cœur.

Tom, Marie, Franck, vous étiez si réels que vous quitter fut douloureux et, à la manière des lumières de la salle de cinéma qui se rallument, c’est tout chamboulés et émus que nous reprenons le fil de notre réalité, une fois le livre achevé… »

Cécile Coulette

 

  • Première sélection du prix Aznavour des Mots d’Amour

Le Ventre de la péniche fait partie de la première sélection du prix Aznavour des Mots d’Amour (association Aznavour pour l’Amour). Président du prix, Mischa Aznavour est entouré de Samuel Brussell, président d’honneur et d’un jury composé de Manuel Carcassonne, Gérard Davoust, André Manoukian, Pascal Nègre, Ségolène Royal, Athéna Sol, Jacques Terzian et Valérie Toranian.
La seconde sélection sera dévoilée en avril 2023 avant l’annonce du lauréat le 22 mai, date de naissance de Charles Aznavour.

 

La première sélection des GRANDS PRIX de PRINTEMPS 2023 sélectionne Le Ventre de la péniche (PRIX RÉVÉLATION DU 2ème ROMAN).

Ce prix est destiné à encourager et révéler de nouveaux talents de la littérature française et francophone.

 

Le but de ce prix est d’exporter la rentrée littéraire dans la Région Occitanie.
Pour cette quatrième édition, la remise du prix s’est exportée à Aigues-Mortes afin que les passionnés de littérature sur le territoire puissent profiter de la rentrée littéraire en région.

 

  • La Fille du chasse-neige. Présentation à la Chapelle en Vercors, le 3 septembre 2020, avec Marion Mazauric, directrice de la Maison d’Édition Au diable vauvert et l’auteur Fabrice Capizzano. (Lecture : Rachel Magnin et Aymeric O’Cornesse)

 

  • Interview sur Delta FM Terre de Camargue (Aigues Mortes)

Sur Delta FM, Interview à l’occasion de son passage à la médiathèque d’Aigues-Mortes en janvier 2022. Fabrice Capizzano nous parle de ses ruches (pour le miel au p’tit déj’), des abeilles qu’il nomme les sentinelles de l’environnement, de son tout dernier roman (Le Ventre de la péniche), de son premier roman (La Fille du chasse-neige) vendu à plus de 9000 exemplaires, de sa passion sans borne pour sa maison d’Édition Au diable vauvert. Fabrice Capizzano explique de quelle manière il est au service des personnages de ses romans.

Fabrice Capizzano, comme Philippe Djian déconstruit toutes les belles vérités, les belles façades, les bons sentiments… jusqu’à l’impertinence ?

Retrouvez l’interview de Fabrice Capizzano sur Delta FM, émission du 20 janvier 2023 dans son intégralité

 

  • Fabrice Capizzano présente Le Ventre de la péniche, son nouveau roman

 

  • Rencontre littéraire avec Nicolas Rey et Fabrice Capizzano

Créées durant le premier confinement du printemps 2020, les rencontres littéraires Varions Les Éditions En Live (VLEEL) sont une initiative destinée à mettre en lumière les maisons d’éditions indépendantes ou plus confidentielles, leurs auteurs et traducteurs à travers leurs parutions.

 

 

  • Fabrice Capizzano sur Facebook