Musique

[En constante rédaction au fil des lectures, relectures et découvertes]

 

Tentez l’expérience : À chaque référence musicale que vous rencontrez pendant la lecture d’un roman de Philippe Djian, relisez le passage accompagné du titre en question, un délice émotionnel !

 

« Estimant qu’elle en avait encore pour un bon moment, il s’installa devant une fenêtre avec un casque sur les oreilles. Mark Kozelek était le seul compagnon acceptable, indispensable, dans des moments de vague à l’âme, de solitude intense, et Luc savait ce qui l’attendait » – Double Nelson

« Le Gramercy était plein mais elle avait obtenu deux chambres communicantes sans trop de difficultés car elle savait à qui s’adresser et les fenêtres donnaient sur le Park recouvert de plusieurs centimètres de neige, les pigeons s’y enfonçaient jusqu’au ventre, les écureuils restaient camouflés au cœur des arbres avec leurs cargaisons de noisettes, et bon, la musique feutrée dans les couloirs et les ascenseurs était de Brian Eno, le parfum d’ambiance était signé Annick Goutal. » – À l’aube

« Elle se rinça l’oeil un instant à son insu tandis qu’il balançait son slip dans la corbeille à linge. Il lui répondit qu’il était partant pour un gin-tonic et qu’il écouterait bien Leto — il parlait de la bande originale du film, dont il ne se lassait pas depuis quelque temps, pas plus que du film, d’ailleurs, qu’Edith et lui avaient déjà vu trois fois. » – Double Nelson

« Quoi qu’il en soit, elle l’invita à danser. Danser était l’une des choses au monde qu’il préférait et elle oublia qu’elle était fatiguée quand il se mit à gesticuler devant elle comme dans un clip de Talking Heads. » – À l’aube

 

« Il n’avait pas davantage envie de lire ou de s’informer de la marche du monde — qui trébuchait à chaque pas jusqu’à preuve du contraire —, de sorte qu’il rongea son frein, enchaînant des parties de solitaire en écoutant Burnt Friedman et Jaki Liebezeit au casque et en boucle. Luc aurait préféré être musicien qu’écrivain mais le moindre instrument lui fichait la trouille, le paralysait comme devant une bête impossible à dompter. Il vénérait les musiciens, l’incroyable maîtrise de certains, leur pouvoir de domination. Parfois, attendre une femme devenait plus facile avec de la bonne musique. Le temps passait plus vite. » – Double Nelson

« Il demeura quelques minutes debout, immobile, regardant le vent souffler tandis que le dernier tiers de The Purple Bottle résonnait dans ses écouteurs. » – Incidences

« La nuit recouvrait le monde autour d’eux comme une cloche. Le parking semblait perché tel un nid d’aigle au somment d’un pic escarpé. « Nous devrions mettre de la musique », fit-elle au bout d’un moment. Il replia ses lunettes et les glissa dans sa poche. « Karen Dalton ? » proposa-t-il. » – Incidences

« À présent, son cœur battait comme s’il s’était mis à courir tranquillement au bord du lac. Aucune étudiante n’avait jamais produit un tel effet sur lui. Karen Dalton chantait Every Time I Think Of Freedom.
« J’adore la voix de cette fille », déclara-t-il.
Elle hocha la tête. Puis elle lui prit la main et la serra contre sa joue. » – Incidences

« Annie se collait à lui comme si elle désirait exécuter un moulage de son corps avec le sien. Elle lui caressait également la nuque avec conviction et lui palpait l’entrejambe. Il fut un temps où il aurait apprécié une telle véhémence, une telle approche — quelqu’un avait mis Focus Please de Be My Weapon, ce must, et les cheveux d’Annie sentaient très bon —, mais ce temps-là lui semblait déjà loin, ce temps appartenait à une autre époque. » – Incidences

« Lorsqu’il prenait un passager à bord, la Fiat ne lui garantissait pas les mêmes performances et semblait se traîner, bien qu’il gardât le pied enfoncé sur l’accélérateur. Il restait en seconde, passait quelquefois la troisième pour se donner quelques instants de répit et soulageait le moteur qui ronflait comme un moteur d’avion envoyant les gaz, mais quelle importance tout cela avait-il au regard du bon moment qu’il passait avec elle, zigzaguant dans les bois profondément endormis, écoutant du Gershwin revu par The Residents, quelle importance cela pouvait-il bien avoir ? » – Incidences

« Il monta le son de ses écouteurs pour écouter Downtown de Greg Brown et se mordilla les lèvres. Myriam s’était à présent assoupie contre lui, sous son bras, et il n’y avait rien qu’il pût désirer davantage. » – Incidences

« Elle était contente de sa journée. De la virée à Martha’s Vineyard, du printemps, de leurs emplettes, du trajet en voiture à écouter Den Sorte Skole Lektion III en roulant sous le soleil, et surtout, surtout, elle était satisfaite, elle commençait à y voir plus clair, c’était comme les pièces d’un puzzle qui s’assemblaient. » – À l’aube

« Elle lisait des livres, le soir elle écoutait Kodak Black. Les épreuves ne l’étonnaient plus. Il fallait les accepter, ne pas baisser la tête, ne pas reculer. » – À l’aube

« Okay, John, fit-elle en jouant machinalement de la pointe de son couteau avec les crevettes décortiquées qui l’attendaient dans son assiette tandis qu’une femme chantait Que sera, sera en s’accompagnant au piano, d’une voix douce et chaude. […] » – À l’aube